mercredi 24 mai 2017

Apollo (fin)

Pour finir quelques documents officiels

Délibération du Conseil Municipal de Boucau du 28 décembre 1935

Le Conseil municipal légalement convoqué à 21 heures, s’est réuni à la mairie sous la présidence de Monsieur Lanusse Maire.
Présents:  MM. Mages, Cazade, Palis, Landaboure, Lesgourgues, Moine, Pinaquy, Meillan, Lassartesse, Capdepuy, Glize, Garatain, Lassalle, Cazaurang, Latappy, Descoutey, Bonnet
Absents:  Saint-Jours, Luc, Fabas, Lapierre

Construction d’un groupe comprenant une salle des fêtes, une salle de réunion et bibliothèque.
Le maire dépose sur le bureau les plans et devis dressés le 20 décembre 1935 par Monsieur Barbut, architecte, pour les travaux de construction d’un groupe comprenant une salle des fêtes, une salle de réunion et bibliothèque au lieudit « Le Vélodrome ». Il invite l’assemblée à prendre connaissance de ces pièces, à les approuver  s’il y a lieu et à voter les ressources nécessaires pour subvenir à la dépense. Le conseil considérant que les plans et devis présentés paraissent bien établis dans l’ensemble et les détails. Que la dépense totale prévue au détail estimatif pour le chiffre de 1 million 152 158 francs 8 centimes pour la construction et diverses installations et 125 000 francs pour l’achat du terrain n’est pas exagérée. Considérant que la construction de ce groupe est devenue indispensable par suite du manque de salles pouvant être mises à la disposition des différentes sociétés et syndicats.  Considérant que l’exécution de ce projet aura pour effet de lutter contre le chômage qui se fait durement sentir dans la localité.
Délibère:
Approuve et sollicite l’Etat, par application des lois et décrets en vigueur, pour une subvention aussi élevée que possible.
Vote de principe:
1°) D’un emprunt de la somme nécessaire pour couvrir le montant de la différence pouvant exister entre la subvention et le montant du projet.
2°) D’une imposition extraordinaire pour rembourser cet emprunt
Décide que les travaux feront l’objet d’une adjudication publique au rabais sur soumissions cachetées.


Conseil municipal : séance du 21 mars 1936:

Présents: Mages, Cazade, Palis, Landaboure, Lesgourgues, Dupré, Pinaquy, Saint Jours, Meillan, Lassartesse, Luc, Lassalle, Cazaurang, Fabas, Lapierre, Moine, Descoutey, Bonnet.
Absents: Capdepuy, Glize, Garatain, Latappy
Avis sur enquête de commodo et incommodo concernant l’achat d’un terrain destiné à la construction d’une salle des fêtes, salle de réunion et bibliothèque
Le Maire informe le conseil des conditions dans lesquelles a été faite l’enquête de commodo et incommodo relative à la construction de la salle des fêtes par le commissaire enquêteur Monsieur Bompas, désigné par arrêté de Monsieur le Préfet.
1°) Enquête ouverte le 16 mars à 17h 45 au lieu de 17h
2°) Le nombre exact de signatures favorables au projet est de 213 au lieu de 193, comme il est écrit dans le procès-verbal du Commissaire enquêteur, ainsi qu’il résulte des noms inscrits sur les listes paraphées par le commissaire.
3°) Le nombre des signatures défavorables au projet est de 12, ainsi qu’il résulte des noms de personnes qui sont venues à la mairie et figurant sur la liste dressée par le commissaire.
4°) Le commissaire a cru devoir faire état dans son procès-verbal de 7 listes de pétitionnaires totalisant 302 signatures sans indiquer dans le dossier par qui elles avaient été déposées.
5°) Après une étude succincte de ces listes, nous relevons des signatures qui figurent à la fois sur la liste des pétitionnaires et sur la liste des déclarations contre le projet du commissaire enquêteur, par exemple : le docteur Dissez, Cabanne, Camouseigt, Labourdette Charles, Daramy Henri et Daramy Justin. Plusieurs noms sont couchés sur des listes différentes, par exemple M. Bierge entrepreneur de peinture qui a signé deux fois.
6°) Figurent également sur cette liste de fausses signatures, par exemple celle de M. Emmanuel Pambrun, propriétaire à Boucau mais domicilié à Loure-Barousses (H.P.), dont la signature apposée sur une des feuilles de pétition ne correspond nullement à des originaux de la signature de ce Monsieur déposés à la mairie.
Considérant que les signatures reçues sur les feuilles de pétitions ne garantissent pas pour la plupart aucune authenticité et que, d’autre part, elles ne peuvent avoir aucun caractère officiel dans les conditions où elles furent données, qu’il est possible à n’importe qui de faire circuler des listes à domicile et au besoin de signer pour des personnes absentes ou imaginaires, qu’il n’y a donc pas lieu de les prendre en considération.
Considérant que certaines déclarations faites tant dans les articles de presse que dans des lettres adressées à Monsieur le Préfet, paraissent servir des intérêts personnels et politiques, que seule la lettre de Monsieur Marcadé est signée et que toutes les autres sont anonymes, qu’il n’y pas lieu d’en tenir compte.
Considérant que la salle que Monsieur Marcadé voulait mettre certains jours de la semaine à la disposition de la commune, ne peut donner satisfaction pour des soirées récréatives, qu’elle est beaucoup trop petite et n’a pas de garanties suffisantes de sécurité exigées par la loi.
Considérant que ce projet qui nécessitera 10 000 journées de travail aura pour effet de lutter contre le chômage qui se fait durement sentie dans notre localité.
Vu l’avis du commissaire-enquêteur, lequel n’est pas contre le projet mais se borne à déclarer que celui-ci n’est pas de première nécessité, que notamment l’adduction d’eau potable dans la commune est plus urgente.
Le Conseil prie Monsieur le Préfet de bien vouloir donner d’urgence un avis favorable.

Acte de vente de la propriété du vélodrome le 29 octobre 1937


Par devant Jules Loustalet notaire à Bayonne soussigné, ont comparu
D’une part :
Madame Maria Teresa Fernandez Hermosa y Melchior sans profession, veuve de Monsieur Luis Garcia San Miguel, demeurant et domiciliés à Madrid, Calle Velasquez 26,  mais résidant actuellement à Boucau, villa Belair. De nationalité espagnole, née à Madrid le 15 octobre 1885.
D’autre part :
Monsieur Jean Baptiste Lanusse, demeurant et domicilié au Boucau, agissant en qualité de maire de la commune du Boucau et agissant en vertu :
1°) Des délibérations du Conseil Municipal de la commune de Boucau en date du 29 janvier, 21 mars, 29 septembre 1936 et le 28 décembre 1935.
2°) Du décret de Monsieur le Président de la République en date du 10 avril 1937

Vente:
Madame veuve San Miguel a par les présentes vendu en s’obligeant à toutes les garanties de fait et de droit les plus étendues à la Commune de Boucau. Ce qui est accepté par Monsieur Lanusse agissant en sa dite qualité de maire

Désignation:
Un terrain situé au Boucau lieudit « Petite Direction » connu sous le nom de « Vélodrome » d’une contenance mesurée de 5328 m², cadastre section D n° 629p pour 4772 m²; n°635p pour 416 m²; 636p 140 m²
Confrontant :
Nord sur une longueur de 93m 13 cm au chemin vicinal ordinaire n°1 d’une largeur de 8 mètres avec pans coupés aux extrémités nord-ouest et nord-est
Est à un chemin privé d’une largeur de 7 mètres.
Sud à jardin Andrieu et veuve Bourras
Ouest à propriété Harcaut et Callian et à rue privée de 7 mètres de largeur ;

Charges et Conditions :
....L’utilité publique ayant été déclarée, la présente mutation est exonérée de tout droits de timbre et d’enregistrement.

Prix:
La présente vente est consentie et acceptée moyennant, à raison de 20 francs le m² de terrain utile, le prix de 106 560 francs. Le prix ne sera pas productif d’intérêts. Le paiement en sera effectué à Bayonne par les soins de Monsieur le Percepteur des Contributions Directes.

Apollo (suite)

Les spectacles

Des spectacles aussi variés que nombreux se sont déroulés dans cette salle. Tout d'abord parlons des films. Certes il n'y avait pas ici d'exclusivités comme à Bayonne. Il fallait attendre en moyenne un an pour espérer voir un film à succès. Ces films étaient loués par contrat avec une chaîne de distribution. Par exemple : Sur une durée de six mois pour pouvoir passer trois ou quatre bons films, il fallait en prendre vingt d’un moindre succès.
L’Apollo était également conçu pour le théâtre et le Music-hall. Des artistes aussi prestigieux qu'André Dassary, Rina Ketty et Frédéric Lemarque, sont venus donner des concerts.  André Perchicot a été le premier à se produire à l'Apollo. C’était le dimanche 17 décembre 1938, les journaux de l'époque s'en sont fait l'écho:

« ...A plus de 30 ans d'intervalle, sur la place du vélodrome, Perchicot a retrouvé les faveurs du public boucalais. Bien qu'il ait abandonné son joli maillot à bandes blanches   et rouges pour revêtir l'habit, peut-être a-t-il eu l'illusion de n'avoir pas quitté les lieux de ses premiers succès et qu'il n'avait pas vieilli. Durant plus d'une demi-heure sur la scène, Perchicot a fait apprécier sa bonne diction, sa voix nerveuse et forte, sa verve gauloise parfois, mais jamais crue, et son art de souligner le trait qui porte. Répondant très gentiment, au désir souventefois exprimé par de nombreux spectateurs, il détailla quelques-unes de ses premières chansons qui le classèrent bien vite parmi les bons fantaisistes de France. Mais auparavant, avec des mots, des airs, des gestes, des attitudes et des rythmes, il avait communiqué à la salle avec allégresse. Son cocktail sur les puissances qui ont signé l'accord de Munich provoqua des rires et des applaudissements unanimes de l'affluence qui ne put dimanche se caser dans la belle salle de l'Apollo. »

Et puis en 1939 il y a un événement extraordinaire. L'Amicale Boucalaise (le Boucau-Stade) a l'idée, avec l'aide de deux éminents boucalais, Ferdinand Darrière (instituteur à l'école des Forges) et Aymard Duvigneau (dessinateur aux Forges), de créer une revue purement boucalaise. Ferdinand Darrière avait été le créateur l'année précédente de la chorale "Des Chanteurs de l'Adour". Cette chorale va fournir l'essentiel de la troupe de la revue. Ce spectacle est accompagné par le célèbre orchestre P.Dukass, il met en scène des personnages pittoresques de la vie locale, ainsi que des événements l'ayant marquée.




Le programme officiel nous donne les noms des vedettes locales.

« Une revue locale de Ferdinand Darrière et A. Duvigneau, sketch patois de P. Bompas. Les danses de M. Labouale réglées par Madame Mora, Orchestre P. Dukass. Piano d'accompagnement tenu par Melles Larralde et Larre, professeurs à Bayonne. Décors de M. Roland Bierge.
Les girls sont habillées par Madame Darrière
Les girls : Melles Abbadias, Anzano, Bichart, Casteits, Damestoy, Duprat, Etchechoury, Garatin, Gourdon, Heguy, Jolibert, Labat, Labenne, Larralde, Lassus, Luder, Nelson A, Nelson R, Peyrezubes, Sanchez, Saseta, Soriano, Verges, Velasco, Vignolle.
Les boys : Messieurs Bisbau, Dirassar, Lauqué, Millox, Réchou, Rodriguez, Rouvier, Vautrot.

Les girls de la revue Bonjour Boucau

La revue est un succès considérable, elle est jouée de nombreuses fois.

En 1949, après la période difficile que le pays a traversé, Ferdinand Darrière et Aymard Duvigneau produisent une nouvelle revue intitulée "Toujours Boucau" qui a autant de succès que la précédente.


Il y a également des représentations données par André Bégué et ses élèves. Ce professeur de musique non voyant a une cinquantaine d'élèves, et il se produit avec son école de musique tous les ans pour le plus grand plaisir des boucalais.
Bien sur le théâtre n'ést pas oublié à Boucau, ainsi les célèbres tournées Baret viennent y donner quelques spectacles, ainsi que plus près de nous Michel Bouquet.
En 1947 un spectacle un peu insolite a lieu sur la scène de l'Apollo. Jean Robic, cette année-là, gagne le Tour de France, pour mieux se faire connaître il effectue une grande tournée en France sur home-trainer. Il vient au Boucau. Trois de ses engins, des rouleaux qui servent aux échauffements des pistards, sont installés sur la scène. Ils sont surmontés de grands cadrans et de grandes aiguilles. Le vainqueur est celui qui effectue le plus vite le tour du cadran (Manuel Castiella « Boucau sur Bayonne »).

Le bar

Il fait partie du cinéma, en 1938 c'est Monsieur Alfred Darriberouge, le propriétaire de l’hôtel de la Terrasse qui loue la concession à la commune du Boucau. Le bar n'ouvrait qu'à l'occasion des entractes.
C'est Monsieur Viaud qui va réellement le créer en prenant « une grande licence » en 1948. Tour à tour les gérants en seront les familles Rosolin et Etchenique. Monsieur et Madame Desmoulins vendront le fonds de commerce du bar à Monsieur et Madame Désarménien le 2 décembre 1966. Pierre Désarménien dit "Mayenne" fut l’entraîneur du Boucau-Stade lors de sa remontée en Première Division en 1970.

Le bar s'étendait devant l'Apollo pendant les fêtes de Boucau

La salle des fêtes:

Avant la guerre on y a surtout organisé des meetings politiques.
En 1940, les Allemands envahirent notre cité, ils y réquisitionnèrent tous les immeubles publics, pour y cantonner leurs troupes. Le collège Henri Barbusse (de construction récente, il avait été inauguré en 1935) fut investi. Il fallait trouver une solution, on décida de transporter l'école dans la salle des fêtes. Mais il fallait l'aménager, c'est ainsi que pendant l'été 1940 l'entreprise Daramy met en place des cloisons de façon à pouvoir installer cinq à six classes. La maternelle occupant les locaux de la bibliothèque.
A la Libération, la salle fut transformée en mairie annexe, pour y assurer la délivrance des cartes d'alimentation, et surtout la distribution mensuelle des tickets.

La bibliothèque

Elle est inaugurée le 23 mai 1948. Voici l'extrait de la délibération du Conseil Municipal à ce sujet:

« ...A 10 heures à la mairie, en présence du Conseil Municipal et des personnels invités, a eu lieu la réception de René Arthaud député du Vaucluse, ancien ministre de la Santé Publique. Puis le Maire, le Conseil municipal et toutes les personnalités se sont rendus en défilé avec en tête la clique boucalaise, à la salle des fêtes, ou a eu lieu l'inauguration      de la bibliothèque et du cercle d'étude populaire. Ensuite dans la salle de bal, le maire a prononcé une courte allocution suivie d'un discours de René Arthaud. Après cette manifestation un vin d'honneur a rassemblé le conseil municipal et les invités. Le livre d'or de la commune a été inauguré et signé par Albert Mora député des B.P., Etienne Landaboure Conseiller de la République, et René Arthaud député du Vaucluse et ancien ministre de la Santé Publique. Pour clôturer cette inauguration, un repas a été offert par la municipalité à quelques invités."

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Les directeurs

Monsieur Dorfman part avec la tourmente de la guerre. Monsieur Fernand Viaud acquiert l'Apollo en avril 1941.
Né le 29 août 1895 à Niort dans les Deux-Sèvres, il fait la guerre de 14-18 où il se comporte brillamment, il est gazé et reçoit la croix de guerre. Après l'armistice de 1918, il fait un bref passage dans les chemins de fer, il s'installe en 1927 à Thouars (Deux Sèvres) où il tient une limonaderie. Il tombe malade et abandonne ce travail pour prendre quelque temps à Nantes, la gérance d'une clinique d'accouchement. Mais il a gardé à Thouars des contacts avec Madame Laurier qui possède une salle de cinéma. Une opportunité lui permet de s'installer à Bordeaux où, dès 1937, il dirige une maison de distribution de films. Le 13 juin 1940, l'entrée des Allemands à Bordeaux coïncide avec la mort de sa femme, il est désormais seul avec ses deux filles Réjane et Simone. Il continue son commerce, mais avec plus de difficultés du fait de la dispersion de ses salles entre la zone libre et la zone occupée.
En 1941 il achète le fonds de commerce de cinéma et de bar l'Apollo au Boucau. Il emménage avec ses enfants dans la maison de Gondrines (face aux bains-douches). La salle de cinéma, malgré la période difficile va offrir tous les week-ends des spectacles de qualité à la population boucalaise. Monsieur Viaud reste à la tête du cinéma pratiquement jusqu'à sa mort survenue à Boucau le 6 septembre 1959.
Le 1er août 1959 (son père étant déjà malade), sa fille Réjane épouse de Michel Espagnet prend la succession de son père, et signe un bail avec Monsieur Lanusse maire de Boucau. Le 16 novembre 1961 le fonds de commerce, comprenant le bar et le cinéma, sont vendus à Gaston Jean Auguste Desmoulins, directeur de cinéma et Marcelle Grognet son épouse.
Monsieur Desmoulins est un professionnel du cinéma. De 1932 à 1952 il a exploité à Paris sous l'enseigne « Le Saint Lambert » une salle de cinéma. Ensuite il a dirigé à Guéret le cinéma-théâtre « Le Continental ». De 1957 à 1961 on le retrouve à la tête du cinéma théâtre municipal de Brive (une salle de 1000 places). Monsieur Desmoulins malgré toutes ses qualités ne peut empêcher le déclin du cinéma, les recettes n'arrivent plus à couvrir les dépenses, la télévision est passée par là. Monsieur Desmoulins est décédé à Bayonne le 20 juin 1972. L'affaire on l'a vu ne tourne plus depuis quelques années et ses héritiers (sa femme et son fils Jean Pierre) abandonnent l'affaire à la commune le 6 août 1972.

La salle

Lors de l'inauguration le journaliste du Courrier décrit la salle de la façon suivante :

« ...Le bâtiment a une longueur de 40 mètres et une largeur de 20 mètres, non comprise deux galeries latérales. Son armature est partie en béton armé, avec remplissage en briquettes, et parti en charpente métallique. Cette dernière disposition a été employée en particulier pour la couverture. Par un hall aux teintes douces et carrelé de gris rouille et noir, le public accède dans la salle de théâtre. Celle-ci spacieuse, est desservie par deux escaliers, l'un public, l'autre réservé aux opérateurs. Elle contient 794 places assises et comporte deux balcons dont les loges et les sièges sont disposés face à la scène.
...Une fosse d'orchestre est prévue pour recevoir une trentaine de musiciens. Le rideau de velours pourpre se détache agréablement sur le fond de la salle. Les teintes utilisées pour la décoration très sobre de la salle ont été harmonisées dans une gamme de beige,d'un effet très heureux. L'éclairage et la ventilation sont assurés à l'aide de l'électricité. Huit gros globes et des rampes dissimulées concilient l'art et la technique de l'éclairage intérieur.
La salle de réunion qui occupe une surface de 400 m² et la bibliothèque ont été prévu avec assez d'ampleur pour suffire à toutes les activités des diverses associations de notre cité. »


En 1941, Monsieur Viaud, le nouveau directeur améliore la décoration. Il fait peindre par Monsieur Zico (un artiste peintre bien connu de Biarritz) des fresques représentant la mythologie grecque, il s'agit de la Victoire de Samothrace, d'un temple grec, ainsi que d'un bateau, tout ceci sur la partie droite du mur à côté de la scène. Par la suite, c’est la partie gauche qui est à son tour décorée, avec de grands chevaux par Monsieur Rosolin.
Monsieur Viaud améliore le hall en modifiant la disposition de la caisse, permettant d'ouvrir la grande porte donnant sur le bar.

Le personnel

Monsieur Etchenique était le portier responsable du service d'ordre à l'intérieur du cinéma. Monsieur Lavie était l'autre portier. Pendant et après la guerre on a compté jusqu'à cinq ouvreuses. Mesdames Linxe, Etchenique, Galin, Lavie et Melle Lavie. Madame Lavie était également chargée du vestiaire. Bien sûr il s'agit du personnel pendant les heures de gloire du cinéma, car après les années 60 le nombre d'ouvreuse a été beaucoup plus restreint. Seule Madame Etchenique a tenu son rôle jusqu'à la fin.
Il ne faut pas bien sur oublier le projectionniste qui avait un rôle primordial. Il y eut tout d'abord Henri Etcheverry qui avait fait ses premières armes au Terminus (le Rex) qui était l'autre cinéma de Boucau. Il appartenait aux frères Marcadé, et était situé à l’emplacement de l’actuel Leader Price. Puis, surtout, à partir de 1945 Monsieur Arcady Jeleznoff (un Russe Blanc originaire de Saint Pétersbourg), une figure légendaire du Boucau d'après la guerre, il restera jusqu'à la fin du cinéma. Le projectionniste disposait pour l'aider dans sa tâche d'un jeune homme, l’aide-opérateur chargé d'éteindre les lumières, de faire quelques annonces, et quand il était un peu plus aguerri de préparer le projecteur. Il y eut les frères Garcia, Henri et Georges, André Jacquet, Armand Galin, et bien d'autres. Arcady Jeleznoff, allait chercher les films tous les jeudi à la gare du Boucau sur son impressionnante moto. Car il fallait les visionner afin de vérifier leur état avant les projections de la fin de semaine.


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L’inauguration

Le Dimanche 2 octobre 1938 a lieu l'inauguration de la Salle des Fêtes. On attend Maurice Thorez et le secrétaire général du P.C.F., François Chamanus, sénateur maire de Bobigny. La foule des grands jours s'est donné rendez-vous au Boucau, ce jour-là. La municipalité prend les mesures de police qui s’imposent.

« ...Les autobus en provenance de Bayonne stationneront sur la route de Bayonne (rue Georges Politzer) entre les maisons "Cinq Cantons" et la maison Bideplan, point sur lequel sera assuré la descente et la montée des voyageurs.
Les autobus en provenance de la région de Dax stationneront sur le chemin de Barthassot, point sur lequel sera assuré la descente et la montée des voyageurs, d'où ils partiront en empruntant la rue Henri Barbusse (actuelle rue Georges Lassalle) pour aller rejoindre la route nationale au bourg de Tarnos. »

Maurice Thorez ne viendra pas, on est en pleine crise internationale, les 29 et 30 septembre 1938 vient d'être signé l’accord de Munich. C'est François Chamanus qui représente la direction du Parti pour l'inauguration.
Les deux journaux locaux, le Courrier et le Républicain rendent compte de cette journée.

« Le soir la rue du Port (rue René Duvert) était illuminée, des éventails multicolores s'enlaçaient au-dessus de la chaussée, puisqu'un concert était donné dans la salle au bénéfice du bureau de bienfaisance. Le bal public qui se déroula sur la place des platanes, fit tournoyer bien après minuit d'infatigables couples. » (Courrier de Bayonne du Dimanche 2 octobre 1938)

« Grande soirée artistique au profit du bureau de bienfaisance. Billet 5 francs, rideau 8h45. Avec l'orchestre Bourthayre, les Chanteurs de l'Adour, l’accordéoniste Cinqualbres, le trio "Les Andres", Jackie Roll, Lous Guits, le comique Henri Luap, Raymonde and Partner, les deux Henri, le baryton de l'opéra-comique Jysor etc.. » (Sud-Ouest Républicain du 2 Octobre 1938).
  
Le cinéma


Le mercredi 16 novembre 1938, le conseil municipal accepte la proposition de Monsieur Dorfman de louer la salle de l'Apollo pour une durée de 12 années, au prix annuel de 12 000 francs. Monsieur Dorfman est distributeur de films et gérant du Comptoir Commercial Cinématographique, en résidence à Bordeaux. Il met l’Apollo en gérance à Monsieur et Madame Capdevielle.
Il faut préciser ici que David Dorfmann est le père de Robert Dorfmann célèbre producteur de cinéma français (Jeux interdits, La cuisine au beurre, le Corniaud, La grande Vadrouille, le Petit Baigneur, l’Aveu, Le Cercle Rouge, Papillon pour ne citer que les plus célèbres)
Le samedi 22 novembre 1938 a lieu l'inauguration de la salle de cinéma. En voici le récit par un journaliste du Courrier de Bayonne:


« L'inauguration de la salle de cinéma municipale a eu lieu samedi soir. Voici donc Boucau doté d'une belle salle des fêtes à laquelle on accède par un vaste hall aux tons délicats, gentiment ornée pour la circonstance de plantes vertes et de fleurs. Le concessionnaire de la salle y reçoit ses invités avec une agréable cordialité. Pour les dames il y a une charmante attention, a chacune d'elles il offre un bouquet de violettes. A la séance cinématographique des centaines de personnes apprécient le confort et la belle allure des fauteuils et l'éclairage tamisé de verre dépoli. Le spectacle très éclectique est toujours suivi avec une vive attention, il captive et émeut ensuite, parfois on s'amuse fort à la scène comique d'une bonne humeur très entraînante « les Joyeux Troubadours ». La haute fantaisie d'un dessin animé en couleur provoque des        rires unanimes. Le film « Abus de confiance ») permet d'apprécier le grand talent de Danielle Darrieux et de Charles Vanel, la beauté du sujet, le charme de la mise en scène, l'homogénéité de l'interprétation, la netteté des photographies et l'excellence de l’acoustique de la salle. Cette première a donc été une bonne soirée qui a satisfait tout le public. Nous pouvons prédire à l'établissement que dirige Monsieur Dorfman, un très vif succès. »

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Les origines du terrain

Ce terrain du vélodrome appartenait au 18ème siècle à Paul Gaujet, entrepreneur responsable de la construction des digues de l'Adour. Il avait acheté le terrain par acte retenu par Cazaumajour (notaire à Saint-Martin de Seignanx) le 13 mai 1736 à Jean Lassalle  dit Tauzia. La vente portait sur « … 29 règues de terre labourable fermé tout à l’entour par des fossés et des baradeaux et tout autant de terre qu’il en a depuis la fermeture jusqu’à la rivière de l’Adour… » Les confrontations du terrain sont les suivantes : « … Confrontant du soleil levant à terre labourable audit Lassalle, du midi à terre et pignadarde la maison de Plantoun appartenant à Monsieur de La Framboisière, couchant à la rivière de l’Adour et du nord à chemin public… »
Tout ceci est indiqué sur les plans ci-dessous.




Sur ce terrain que l’on va également appeler  La Direction, va être construit « l’hôtel de la Direction » qui sera la résidence des différents directeurs des travaux à la Barre de Bayonne. Monsieur Paul Gaujet en cédant son office d’entrepreneur des travaux à François Morancy lui vend tous les terrains qu’il possède au Boucau (dont celui-ci). La propriété passe ensuite dans la famille Laborde. 


Les héritiers de celui-ci (les frères Bonneton) louent l’emplacement à MM. Marladot et Dartigue vers 1898. Ces derniers y construisent un vélodrome, qui est inauguré le 3 mai 1899 à « trois heures de l'après-midi » six courses sont au programme, dont une de tandem. Le vélodrome n'est pas très grand (la piste doit faire 250 mètres) puisqu'il occupait semble-t-il l'emplacement de l'actuel square Marx Dormoy, la carte postale ci-dessous nous permet de distinguer une partie de la piste.



C'est une attraction qui attire la foule au Boucau. Plus-tard les entrepreneurs y construiront un fronton international, où le célèbre joueur de pelote « Chiquito de Cambo » s’est produit, avec nombre de pilotaris connus du moment.
Après la guerre de 1914-1918, les emplacements envahis par les ronces et les mauvaises herbes ne servent plus qu'aux cirques de passage.
C'est cet endroit qui est choisi par la municipalité pour « construire un groupe comprenant une salle des fêtes, une salle de réunion et une bibliothèque. »

Le projet

Le 28 décembre 1935, le Conseil Municipal adopte le principe du projet. L'investissement est important, pas loin de 1 500 000 francs, avec possibilité d'aide de l'Etat. Par décret du Président de la République en date du 10 avril 1937, le projet est déclaré d'utilité publique.
La propriété dite « du Vélodrome » est achetée le 29 octobre 1937 à Madame Hermosa (héritière Bonneton) moyennant la somme de 106 560 francs. Les travaux commencent tout de suite. L'architecte est Monsieur Barbut de Capbreton, il a déjà travaillé avec la commune pour la construction du groupe scolaire Henri Barbusse en 1935.
En décembre 1937, la municipalité est obligée de voter un emprunt supplémentaire de 422 497 francs pour la construction du complexe, cette augmentation est due, et je cite la délibération du Conseil Municipal « Aux modifications apportées aux indices économiques, suite aux nouvelles lois sociales, mise en vigueur depuis juin 1936 »  Cet édifice a été réalisé dans un temps relativement court par la Coopérative ouvrière de Tulle et les entrepreneurs MM. Tremblais, Vasquez, Ortet frères, Cazalis, Bidart-Lafargue et Bideplan (c’est le seul artisan boucalais). Il est à peine fini pour l'automne 1938.

L'Apollo

En 1996 j’avais effectué un travail de recherches sur l’Apollo. Je l’ai poursuivi et la consultation de nombreuses archives m’a permis d’étoffer cet historique de l’Apollo.

L’Apollo

C’est sur l’emplacement de l’ancien vélodrome et du fronton que fut construit en 1938 le complexe Paul Vaillant Couturier. Cette salle ultra moderne pour l’époque était aussi la plus vaste et la mieux équipée de la Côte Basque.

Pourquoi une salle de spectacles

La commune n'a pas de salles de réunion à mettre à la disposition des sociétés existantes (musicales, artistiques, mutualistes, de bienfaisance, etc.…), pour y remédier elle se propose, lors d'une délibération du Conseil Municipal du 31 janvier 1933, de louer pour un prix annuel de 5000 francs le « Fémina Cinéma ». Cette salle était située Rue de Montilla à côté de l’hôtel de la Terrasse comme on peut le voir sur la vue ci-dessous.


Le sous-préfet est favorable, mais il pense « que cette salle serait uniquement réservée aux réunions du parti communiste et à la projection de films soviétiques et décorée suivant les directives du parti ». Il propose de n'accorder le bail que pour un an, et de faire procéder à une enquête sur les conditions d'exploitation de la salle, au terme de laquelle, il accordera ou non le renouvellement du bail. L'accord est renouvelé tous les ans. L'explication nous est donnée par une lettre du sous-préfet au préfet datée du 30 avril 1935:

« L’enquête de police que j'ai prescrite, fait ressortir que, depuis 1933, la ville de Boucau est locataire du cinéma Fémina, appartenant aux époux Rogers, moyennant la somme de    4000 francs (3500 francs actuellement). Cette salle, située en plein centre de la localité a servi de lieu de réunion pour le Parti Communiste, le Parti Socialiste, la Ligue des Droits de l’homme, le Comité Antifasciste etc. et aux divers groupements syndicaux CGT, et CGTU, des représentations théâtrales et cinématographiques ont été organisées sous les auspices de la municipalité. (...) Antérieurement, le Parti Communiste, qui n'avait pas de locaux assez vastes pour y organiser ses meetings, groupait ses adhérents sur la place du bal. Il en résultait une gêne considérable pour la circulation et, chaque fois, un envoi massif de forces de police  pour parer à tout désordre. Depuis 1933, toutes les réunions se sont tenues au Cinéma Fémina, dans le calme le plus complet, et la surveillance s'en est trouvée facilitée. »

Le 27 octobre 1935, pendant la projection du film « Trois balles dans la peau » la bobine prend feu, et embrase toute la salle. Il n'y eut heureusement aucune victime, parmi les nombreux spectateurs (dont des enfants) qui assistaient à la projection. La commune se voit privée de sa salle de réunion.

Mais déjà, dès le mois d'octobre 1935 la municipalité envisageait la construction d'une salle de réunion pour je cite : « Société de secours mutuel, associations sportives et culturelles diverses, avec bâtiment annexes, bibliothèque, dispensaire, bourse du travail. » Ce projet trouve son aboutissement avec l'opportunité dans laquelle se trouve la commune d'acquérir le terrain de l'ancien Vélodrome à Madame Hermosa.

ELISA LASSALLE

ELISA LASSALLE Elisa Lassalle, est née Marie Toulet à Saint Paul les Dax le 27/10/1890. Elle est la fille de Jean et de Marie Ducasse. Elle ...