L’embouchure de l’Adour, ne fut fixée à
son endroit actuel, qu’à partir du 28 octobre 1578. Avant, elle vagabonda,
jusqu’en 1310 environ, selon certains auteurs, elle se jetait à Capbreton, et à
la suite d’une violente tempête, elle débouchait à Port d’Albret aujourd’hui
Vieux-Boucau. De ce fait elle privait Bayonne de son débouché historique de
Capbreton, c’est le marasme pour la ville. A cause du peu de profondeur du lit
de l’Adour, les gros navires ne peuvent aller à Bayonne. Les Bayonnais s’en
plaignent, d’abord à Charles VIII en 1491 (celui-ci ordonne une enquête qui fut
vite abandonnée), puis à Charles IX en 1561. Le roi envoi Claude Grimal, dit le
Capitaine Flayol sur les lieux, pour déterminer en quels points pourraient être
fait un éventuel détournement. Son choix se porta sur le lieu-dit Trossoat,
dans la paroisse de Tarnos, au niveau de la Maïsica, pratiquement au lieu où se
jette le Bazé qui est un vestige de l’Adour ancien. Des travaux sont entrepris,
mais le superintendant les arrête. Le 19 juin 1572, le Roi passe un contrat
avec Louis de Foix, pour régler les conditions de la réalisation de la percée,
qui devait permettre à l’Adour de se diriger vers la mer. A partir du Trossoat
il a été prévu « la fermeture de la rivière sur 150 toises (290m), le
creusement d’un canal de 900 toises (1800m) vers la mer ». Le travail, gigantesque
pour l’époque, aboutit, malgré beaucoup de difficultés, et le 28 octobre 1578
le fleuve coulait droit sur l’Océan. De nombreux travaux furent nécessaires,
pour entretenir l’œuvre de Louis de Foix. L’architecte et maître d’œuvre Bernard
de Milhet, veillait sur « les caisses et les sables » de la digue et
de l’embouchure.
Voici un plan de l'Adour vers la moitié du 18ème siècle
Source: BM Bayonne
En réalisant cette embouchure, Louis de
Foix pensait faire une œuvre définitive, c’était sans compter sur les caprices
de la nature, car l’Adour se refusait à suivre le chenal artificiellement
imposé. Vers la fin du 17ème siècle elle s’était décalé de 600 m vers
le sud, se jetant pratiquement à la Chambre d’Amour. Il faudra attendre la fin
des travaux d’endiguement, vers la moitié du 18ème siècle, pour
retrouver une situation normale. Dès la fin du 17ème siècle, on
commença à construire des digues, pour résoudre deux problèmes, assurer la
fixité de la passe et maintenir une hauteur d’eau suffisante. Les dépenses jusque-là
assurées par la ville de Bayonne, furent prises en charge par l’Etat dès 1729.
Magdelon de Touros, directeur des
fortifications de Bayonne de 1727 à 1739, est le promoteur du plan consistant
à endiguer l’Adour sur les deux rives, avec des digues maçonnées pour remplacer
celles installées par l’ingénieur Ferry qui étaient en charpente. Dès 1730,
les travaux commencèrent, et en 1732 on avait construit le Havre du Boucau (La
Cale) qui servait d’abri aux chaloupes des pilotes. En 1754 l’endiguement
était pratiquement fini, la longueur de la digue nord était de 1230 toises
(2398 m), celle de la digue sud était de 870 toises (1500 m). En 1787, quand il
visite Bayonne, le voyageur anglais Young, dans son ouvrage « Voyage en France »
ne cache pas son admiration pour le travail accompli. "C’est, dit-il, un
ouvrage remarquable et d’utilité et qui a exigé de grands frais." L’investissement
est de 4 millions de livres. Tous ces travaux étaient dirigés, par les
directeurs des fortifications.
Touros quand il était à Tarnos pour surveiller les travaux, logeait dans l’hôtel de la Direction au Boucau (l’ancien cinéma Terminus
et actuellement Leader Price). Le 4/10/1771 Bernard des Costes D’Eyrinac,
directeur des fortifications de la province de Guyenne et des Pyrénées, est
décédé au Boucau, dans son hôtel de la direction.
Le chantier a nécessité une main d’œuvre considérable.
En 1737 près de 900 hommes travaillaient sur l’ouvrage. Le quartier du Boucau
était le lieu de résidence privilégié des entrepreneurs des travaux de la
Barre. Paul Gaujet entrepreneur jusqu’en 1745, réside dans la maison de
Joanichon (boucherie et pharmacie de la place Sémard). Son successeur François
Morancy, originaire de La Rochelle, construisit la maison de Belair (château
Majesté). En 1773 c’est Jean Laborde qui lui succède, il est enterré dans l’ancienne
chapelle de la propriété.
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