Les directeurs
Monsieur
Dorfman part avec la tourmente de la guerre. Monsieur Fernand Viaud acquiert
l'Apollo en avril 1941.
Né
le 29 août 1895 à Niort dans les Deux-Sèvres, il fait la guerre de 14-18 où il
se comporte brillamment, il est gazé et reçoit la croix de guerre. Après
l'armistice de 1918, il fait un bref passage dans les chemins de fer, il
s'installe en 1927 à Thouars (Deux Sèvres) où il tient une limonaderie. Il
tombe malade et abandonne ce travail pour prendre quelque temps à Nantes, la
gérance d'une clinique d'accouchement. Mais il a gardé à Thouars des contacts
avec Madame Laurier qui possède une salle de cinéma. Une opportunité lui permet
de s'installer à Bordeaux où, dès 1937, il dirige une maison de distribution de
films. Le 13 juin 1940, l'entrée des Allemands à Bordeaux coïncide avec la mort
de sa femme, il est désormais seul avec ses deux filles Réjane et Simone. Il
continue son commerce, mais avec plus de difficultés du fait de la dispersion
de ses salles entre la zone libre et la zone occupée.
En
1941 il achète le fonds de commerce de cinéma et de bar l'Apollo au Boucau. Il
emménage avec ses enfants dans la maison de Gondrines (face aux bains-douches).
La salle de cinéma, malgré la période difficile va offrir tous les week-ends
des spectacles de qualité à la population boucalaise. Monsieur Viaud reste à la
tête du cinéma pratiquement jusqu'à sa mort survenue à Boucau le 6 septembre
1959.
Le
1er août 1959 (son père étant déjà malade), sa fille Réjane épouse de Michel
Espagnet prend la succession de son père, et signe un bail avec Monsieur
Lanusse maire de Boucau. Le 16 novembre 1961 le fonds de commerce, comprenant
le bar et le cinéma, sont vendus à Gaston Jean Auguste Desmoulins, directeur de
cinéma et Marcelle Grognet son épouse.
Monsieur
Desmoulins est un professionnel du cinéma. De 1932 à 1952 il a exploité à Paris
sous l'enseigne « Le Saint Lambert » une salle de cinéma. Ensuite il
a dirigé à Guéret le cinéma-théâtre « Le Continental ». De 1957 à
1961 on le retrouve à la tête du cinéma théâtre municipal de Brive (une salle
de 1000 places). Monsieur Desmoulins malgré toutes ses qualités ne peut
empêcher le déclin du cinéma, les recettes n'arrivent plus à couvrir les
dépenses, la télévision est passée par là. Monsieur Desmoulins est décédé à
Bayonne le 20 juin 1972. L'affaire on l'a vu ne tourne plus depuis quelques
années et ses héritiers (sa femme et son fils Jean Pierre) abandonnent
l'affaire à la commune le 6 août 1972.
La salle
Lors
de l'inauguration le journaliste du Courrier décrit la salle de la façon suivante
:
« ...Le bâtiment a une longueur de 40 mètres
et une largeur de 20 mètres, non comprise deux
galeries latérales. Son armature est partie en béton armé, avec remplissage en briquettes,
et parti en charpente métallique. Cette dernière disposition a été employée en particulier
pour la couverture. Par un hall aux teintes douces et carrelé de gris rouille
et noir, le public accède dans la salle de théâtre. Celle-ci spacieuse, est desservie par deux escaliers, l'un public,
l'autre réservé aux opérateurs. Elle contient 794 places assises et comporte
deux balcons dont les loges et les sièges sont disposés face à la scène.
...Une fosse d'orchestre est prévue pour
recevoir une trentaine de musiciens. Le rideau de velours pourpre se détache
agréablement sur le fond de la salle. Les teintes utilisées pour la décoration
très sobre de la salle ont été harmonisées dans une gamme de beige,d'un effet
très heureux. L'éclairage et la ventilation sont assurés à l'aide de
l'électricité. Huit gros globes et des rampes dissimulées concilient l'art et
la technique de l'éclairage intérieur.
La salle de réunion qui occupe une
surface de 400 m² et la bibliothèque ont été prévu avec assez d'ampleur pour suffire
à toutes les activités des diverses associations de notre cité. »
En
1941, Monsieur Viaud, le nouveau directeur améliore la décoration. Il fait
peindre par Monsieur Zico (un artiste peintre bien connu de Biarritz) des
fresques représentant la mythologie grecque, il s'agit de la Victoire de
Samothrace, d'un temple grec, ainsi que d'un bateau, tout ceci sur la partie
droite du mur à côté de la scène. Par la suite, c’est la partie gauche qui est
à son tour décorée, avec de grands chevaux par Monsieur Rosolin.
Monsieur
Viaud améliore le hall en modifiant la disposition de la caisse, permettant
d'ouvrir la grande porte donnant sur le bar.
Le personnel
Monsieur
Etchenique était le portier responsable du service d'ordre à l'intérieur du
cinéma. Monsieur Lavie était l'autre portier. Pendant et après la guerre on a
compté jusqu'à cinq ouvreuses. Mesdames Linxe, Etchenique, Galin, Lavie et
Melle Lavie. Madame Lavie était également chargée du vestiaire. Bien sûr il
s'agit du personnel pendant les heures de gloire du cinéma, car après les
années 60 le nombre d'ouvreuse a été beaucoup plus restreint. Seule Madame
Etchenique a tenu son rôle jusqu'à la fin.
Il
ne faut pas bien sur oublier le projectionniste qui avait un rôle primordial.
Il y eut tout d'abord Henri Etcheverry qui avait fait ses premières armes au
Terminus (le Rex) qui était l'autre cinéma de Boucau. Il appartenait aux frères
Marcadé, et était situé à l’emplacement de l’actuel Leader Price. Puis,
surtout, à partir de 1945 Monsieur Arcady Jeleznoff (un Russe Blanc originaire
de Saint Pétersbourg), une figure légendaire du Boucau d'après la guerre, il
restera jusqu'à la fin du cinéma. Le projectionniste disposait pour l'aider
dans sa tâche d'un jeune homme, l’aide-opérateur chargé d'éteindre les lumières,
de faire quelques annonces, et quand il était un peu plus aguerri de préparer
le projecteur. Il y eut les frères Garcia, Henri et Georges, André Jacquet,
Armand Galin, et bien d'autres. Arcady Jeleznoff, allait chercher les films
tous les jeudi à la gare du Boucau sur son impressionnante moto. Car il fallait
les visionner afin de vérifier leur état avant les projections de la fin de
semaine.