Pourquoi a-t-on créé Boucau en 1857 ?
Avant
de commencer quelques définitions du mot Boucau.
Boucau :
masculin, embouchure d’un cours d’eau
Mais
Boucau a également une signification en ancien français, enfin plusieurs
significations :
A
Reims au 15ème siècle, c’est un soupirail de cave
En
Saintonge : la crevette grise
Boucau
à également plusieurs orthographes.
Boucaud :
en Anjou, lait boucaud, premier lait après la parturition.
Boucaut :
Contenance d’une peau de bouc, outre, tonneau de bois qui sert à renfermer et à
transporter certaines matières sèches. Un boucaut de morue, de sucre, de café
Dans
le blaisois, petit fût
En
Saintonge, c’est une grande futaille d’une contenance de trois barriques
En
toponymie :
Mis
à part Boucau près de Bayonne et Vieux-Boucau, on trouve aussi le lac de Boucau
à Anglet, un souvenir d’une ancienne embouchure de l’Adour.
Dans
les Pyrénées Atlantiques : Hameaux à Auterive (chemin du Boucau), à Geus
d’Oloron et à l’hôpital d’Orion
En
Gironde : Lieu-dit à Bourg
La
commune de Boucau a été formée on va le voir par la réunion de deux sections
cadastrales de la commune de Tarnos : Boucau et Romatet.
Mais
il nous faut remonter plus haut.
Deux
évènements vont modeler la section de Boucau.
Le détournement de l’Adour
La
section de Boucau doit son nom à l’embouchure de l’Adour, l’Adour qui a été
détournée, comme vous le savez par Louis de Foix en 1578. Je ne vais pas faire
ici l’historique du détournement de l'Adour.
Les Pays de Gosse et de Seignanx au début du 14ème siècle
JB Marquette: Les pays de Gosse, de Signanx et de Labenne (1200-1320)
Dans le Bulletin de SLAB n° 137 et 138
La
section du Boucau s’appelait anciennement Ite (peut-être à rapprocher du latin
iter chemin, itinéraire) Ahite. Ainsi au 12ème siècle on y trouve
les maisons (feux) suivantes : Montestruc, Salenave, Laboirie, Le Tor,
Maurie, Truis, Bascasaus, Airumbad. La quartier de Romatet : Seguelas,
Cazenave, Sorde, Laius, Commeres, Lassus, Labat, Nogues, Letorte. La
limite entre le quartier d’Ahite et celui de Romatet était matérialisée par les
rue Pierre Lacouture et Glize. Dans le bas du quartier d’Ite, il n’y avait pas
de construction, car l’Adour et son lit prenait tout l’espace.
Le
détournement de l’Adour va changer tout cela.
Le quartier de Boucau
Pour
sortir par la nouvelle passe les navires ont besoin de pilotes. Ces pilotes
vont élire comme domicile le bas du quartier d’Ahite qui va prendre le nom de
Boucau neuf. Ce quartier va se développer de plus en plus et ainsi en 1746 nous
trouvons de nouvelles fermes en plus des anciennes : Prisse, Mousserolles,
Au Baneres, Mouticq, Grazincau, Peloste, Pitarré, Prucon, Junca, Lalotge,
Baderi, Peclere, Nanot, Clincart, Barroumes, Larribau, Jouanoulet, Claussot,
Frère, Lartigue, Chine, Labouyrie, Sauboa, Laborde, Cambrac, Salenave,
Basczeaux, Bellecave, Laborde
Alors
que le quartier de Romatet va plus ou moins stagner.
Quartier Nombre
maison 12ème Nombre
maison 18ème
Ahite 11 31
Romatet 10 16
Le
développement du quartier de Boucau s’est essentiellement fait autour de la
Cale, construite en 1732 pour abriter les chaloupes des pilotes et des
pêcheurs. Le 18ème siècle va
également voir la construction des digues maçonnées qui enserrent l’Adour.
Cette construction est l’occasion d’un chantier considérable avec un énorme
afflux de population. De nouvelles maisons sont construites.
C’est
ainsi qu’en 1850 sur les 3000 habitants de la commune de Tarnos, 1500 habitent les
sections de Romatet et de Boucau.
Le chemin de fer
Le deuxième événement important: c'est la
construction de la voie de chemin de fer. Elle se traduit par l'édification d’une gare et le comblement de la Cale (qui s’étendait jusqu'à l’actuelle place
Sémard). Elle sera reconstruite à son emplacement actuel.
En
plus la Compagnie du Midi a installé à Boucau un centre pour le transit des
marchandises (il n’y avait pas de place à Saint Esprit), et également le dépôt
des machines avec ses ateliers de réparation et de matériel. (Celui-ci restera
30 ans au Boucau).
Quelle population vit dans ces quartiers ?
Un
mémoire de démographie effectué en 1996 par Laurence Guillaume nous donne
quelques éléments de réponse
L’étude
est faite pour la période 1857 à 1872
Trois
grandes catégories sont à considérer chez les hommes : Les professions de
la mer (pêcheurs, lamaneurs, pilotes, marins etc…) les professions de la terre
(propriétaires cultivateurs, métayers, résiniers, gemmeurs, scieurs de long,
etc…) les artisans (tonneliers, charpentiers, meuniers, cordonniers,
bouchonniers, tailleurs de pierre ou d’habits etc. …)
On
note le développement des métiers liés au chemin de fer.
La
plupart des propriétaires cultivateurs possèdent un terrain qui excédent pas 5
ha, mais la grosse masse des « travailleurs de la terre » est
constituée par les métayers, qui pour « arrondir » leur fin de mois, exercent
aussi un « métier de la mer », la plupart étaient pêcheurs ou
lamaneurs.
On
compte huit propriétaires dont la superficie excède 10 ha. Au sein de ce groupe
quelques personnes ont de véritables domaines : Ainsi la famille Dubrocq
(maire de Bayonne) 45 ha ; Frédéric Roth : 31 ha, Charles Lalanne
(meunier d’Esbouc) 33 ha, Elysée Rives 28 ha (Bois Guilhou).
On
retrouvera d’ailleurs ces personnes dans le premier conseil municipal de
Boucau. Ce sont les petits hobereaux Boucalais, qui n’ont rien à voir avec ceux
de Tarnos : Labrouche qui possède plus de 300 hectares et le Marquis de
Lalande, 250 hectares.
à suivre
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