Génèse de création :
Les Boucalais réclament une église
On
peut se poser la question tous ces notables, n’ont-ils pas eu envie de faire sécession
et de créer une entité différente de Tarnos ? Les quartiers de Boucau et
de Romatet représentent 1500 habitants, soit presque la moitié de la population
tarnosienne. C’est le quartier du Boucau qui est le plus dynamique.
Au conseil
municipal de Tarnos aux élections du 4/9/1852 sur 21 élus les quartiers de
Boucau et de Romatet ont 10 conseillers. Le maire de Tarnos est le Boucalais
Pierre Lacouture.
En 1852 les
habitants du quartier de Boucau participent à une souscription ayant pour but
la construction d’une chapelle qui les dispenserait de faire un long trajet
pour remplir leurs devoirs religieux. C’est Arnaud Lacouture, commandant du
remorqueur qui est à l’origine du projet (il s’agit du frère de Pierre
Lacouture). Le 17/10/1852 les souscripteurs sont assez nombreux et ils forment
une commission chargée du projet (membres : Arnaud Lacouture, Pierre
Lacouture, maire de Tarnos, Eugène Bourgeois et Pierre Lalanne (à part Arnaud
Lacouture, ils sont tous membres du CM).
En Juillet 1854,
40 pétitionnaires du Boucau adressent à l’évêque d’Aire, François Lanneluc une
demande pour créer à Boucau une chapelle succursale, l’évêque transmet la
demande au Préfet des Landes, Alfred Frachon, le 26/7/1854. Celui-ci, après
instruction par le sous-préfet de Dax, émet un avis défavorable, au motif que grand
nombre de personnes étrangères à la section de Boucau ont signé la pétition et
que les habitants de Boucau ont réuni les fonds pour faire une chapelle de
secours.
Une chapelle de
secours, donc, dépendante du curé de Tarnos, oui, mais une chapelle succursale
(indépendante du curé de Tarnos) non.
On voit peut-être
déjà ici une volonté d’indépendance de certains Boucalais.
Alors pourquoi cette création ?
Dès 1854 à
l’occasion d’un voyage de Sa Majesté l’Empereur à Biarritz, une délégation du Conseil
Municipal de Bayonne et de la Chambre de Commerce lui présente une demande
tendant à la réunion à cette ville de la commune de Saint Esprit. Le 26 juillet
de la même année Napoléon III visite Bayonne, il pose la question suivante au
consistoire israélite
« Pensez-vous, messieurs que les
israélites verraient avec plaisir la réunion de Saint Esprit à
Bayonne ? »
Le Consistoire
répondit affirmativement.
Ce n’est pas la
première fois que Bayonne demande le rattachement de Saint Esprit :
-
1792,
refus,
-
1818
c’est le Conseil Général des Basses Pyrénées qui demande le rattachement de St
Esprit à la ville de Bayonne. Le Conseil Général des Landes émit un avis
négatif dans ses délibérations de 1819 et 1820.
Le gouvernement ne donne pas suite au projet.
-
1836 :
Le conseil d’arrondissement de Bayonne demande la réunion de tout le canton de
Saint Esprit, mais il n’est pas suivi par le Conseil Général des Basses Pyrénées.
L’affaire n’a pas de suites.
-
1853 :
Projet de création d’un nouveau département, dont le chef lieu serait Bayonne
et qui entrainerait la distraction du département des Landes de
l’arrondissement de Dax. En même temps, Bayonne demande le rattachement de
Saint-Esprit. L’affaire n’eut pas de suite.
Avant d’aller plus loin un petit tour des
protagonistes
A Paris tout d’abord
Napoléon III neveu
de Napoléon I, fils de son frère Louis et d’Hortense de Beauharnais, il épouse
Eugénie de Montijo, empereur des français qui exerce un pouvoir personnel
autoritaire, jusqu’en 1870.
Le Ministre de l’Intérieur
Adolphe, Augustin, Marie Billault, il est président du Corps Législatif et il
est nommé ministre de l’intérieur le 19/6/1854 jusqu’au 8/2/1858.
Eugène Schneider |
Adolphe Augustin Marie Billault |
Le duc de Morny,
demi-frère naturel de Napoléon III (fils naturel d’Hortense de Beauharnais,
fille de Joséphine, et du général Charles de Flahaut), c’est le président du
Corps Législatif.
Eugène Schneider
(1805-1875, directeur de Forges, participe avec son frère à la création de
l’empire sidérurgique Schneider (Creusot-Loire). Vice-président du corps
législatif de 1852 à 1867, puis Président de 1867 à 1870.
Dans les Landes :
Les préfets
Alfred Clément
Louis Frachon (1813-1857) en
poste du 5/12/1853 au 31/10/1854
Il n’eut à traiter
que le début de l’affaire
Jules CORNUAU
(1821-1903) préfet de 1854 à 1858 qui est au centre de l’affaire
Le sous-préfet
de Dax
Il s’agit d’Edmond
Garat (1819-1880) qui sera en
poste à Dax de 1853 à 1870. Il s’agit d’un descendant de Dominique Garat député
du Tiers Etat pour le Labourd en 1789.
Dans les Basses-Pyrénées
Préfets :
François Armand
Rupert LAITY (1812-1889) Préfet des Basses Pyrénées de 1854 à 1857
Marie Joseph
Auguste PRON (1820-1903) Préfet de 1857 à 1862
Sous-Préfet :
Stanislas GERARD
(1814-1861) en poste de 1853 à 1854
Jean Victor
Leopold ISOARD (1822-1887) en poste de 1854 à 1860
Le 6 octobre 1854,
le Préfet des Basses Pyrénées François Armand Rupert Laity fait la proposition
suivante
1.
Réunion
de tout le canton de Saint Esprit aux BP, Saint Esprit est réuni à Bayonne et
toutes les autres communes (Biarrotte, Saint Laurent de Gosse, Biaudos, Saint
André de Seignanx, Saint Barthélémy, Tarnos et Saint Martin de Seignanx) seront
réparties entre les cantons NE et NO.
2.
Réunion
de Saint Esprit à Bayonne et de toute la portion de la rive droite de l’Adour
qui s’étend de Saint Esprit à la mer.
26/1/1855 Lettre
du ministre de l’intérieur demandant au Préfet des Landes de se concerter avec
celui des BP pour l’instruction de ce projet, qui était la réunion de tout le
canton de Saint Esprit aux BP.
5/3/1855
L’instruction des deux affaires est en cours, et le Préfet des Landes demande
des compensations territoriales
10/4/1855 Les
compensations territoriales sont admises en haut-lieu, mais il s’agit de les
préciser.
30/6/1855
Proposition du Préfet des Landes tendant :
1.
A réunir
au département des Landes, 13 communes des BP (Sames, Guiche, Bellocq,
Lahontan, Sault de Navailles, Bonnut, St Girons, Labeyrie, Casteide-Candau,
Saint Médard, Arget, Montagut et Malaussanne) si l’on se bornait à réunir
Saint-esprit à Bayonne.
2.
Une
autre alternative est de réunir au département des BP tout le canton de Saint
Esprit. Après consultation des CM deux communes ont répondu par la négative, il
s’agit de Biarrotte et Saint Laurent de Gosse, 5 autres ont donné un avis
favorable, il s’agit de Biaudos, Saint André de Seignanx, Saint Barthélémy,
Saint Martin de Seignanx et Tarnos. Si tel était le cas le département des
Landes demanderait l’adjonction de certaines communes du Gers : Cazaubon,
Castex, Estang, Lannemaignan, Larée, Marquestan, Mauléon d’Armagnac et Monclar.
Devant la
complexité de la situation et malgré les votes majoritaires des communes
concernées, le Ministre de l’Intérieur va modifier les propositions et exclure
le rattachement du canton de Saint
Esprit.
Il ne restait donc
que le rattachement de Saint Esprit à Bayonne, et celui des sections de Romatet
et Boucau au BP.
Les avis des communes et des départements concernés :
Le 22/10/1855 Le
Préfet des Landes demande aux habitants des sections de Boucau et de Romatet
d’élire une commission syndicale en vue de donner leur avis « sur l’opportunité qu’il y aurait à réunir
les sections du Boucaut et de Romatet au département des BP »
Les élections de
la commission ont lieu le 4 novembre et les membres sont : MM Bourgeois
président, Adoue, Rives, Castillon, Novion, Destremaut, Charles Lalanne,
Pambrun et Dibos. Cette commission siège le 18/11/1855 à 6 heures du soir dans
une des salles de la mairie
La commission
délibère et déclare :
« Qu’après avoir consulté les habitants
les plus notables des quartiers respectifs, les membres de la commission les
ont trouvés tous d’un avis entièrement opposé au démembrement de la commune….
Déclare à l’unanimité qu’elle ne prévoit dans
le démembrement de la commune de Tarnos qu’un préjudice très notable qui
portera également sur cette commune et celle que l’on se propose de
créer… »
Par contre elle
est d’accord avec la délibération du CM de Tarnos du 12/8/1855 qui propose de
réunir la commune toute entière de Tarnos aux BP.
« Bayonne et Dax sont tous deux chef-lieu
d’arrondissement, par conséquent siège de sous-préfecture et de tribunal de
première instance, qu’il n’y a du bourg de Tarnos à Bayonne que 6 km, tandis
qu’il y en a 42 de Dax, et que c’est à Bayonne et à Saint Esprit, mais plus
particulièrement à Bayonne que les habitants de Tarnos ont presque tous leurs
rapports d’intérêts. »
Le 18 avril 1856
le Conseil Municipal de la commune de Tarnos se réuni pour donner son avis sur
le projet de distraction des quartiers de Romatet et de Boucau.
L’enquête publique
(comodo incomodo) a eu lieu les 1er et 2 octobre 1855. Elle est présidée
par M Vasserot Maire de Saint Esprit, une seule personne est pour le
rattachement.
Le Conseil
Municipal émet le vœu, comme la commission syndicale que ce soit la commune
entière qui soit rattachée.
(à suivre)
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